Nicolas Ballériaud, Sainte Hygiène
Une oeuvre qui questionne sur la notion de vestige contemporain. Une collecte de menus déchets divers soigneusement rangés et exposés sur des étagères
Sainte Hygiène est l’oeuvre de Nicolas Ballériaud,un jeune artiste français sélectionné au 62e Salon de Montrouge. La Ville de Montrouge a acquis cette oeuvre lors de la vente aux enchères des oeuvres d’artistes du Salon en novembre dernier. Une oeuvre qui questionne sur la notion de vestige contemporain. Une collecte de menus déchets divers soigneusement rangés et exposés sur des étagères.
Une idée de la contemporanéité
Nicolas Ballériaud, né en 1988 et diplômé des Beaux-Arts de Cergy en 2015, est sélectionné au Salon de Montrouge en 2017. Le jeune artiste définit sa pratique comme « remise en cause perpétuelle de son rapport à son environnement. » Pour mieux cerner la relation qu’il entretient avec les choses du quotidien, Nicolas Ballériaud s’intéresse à la trace de ce qui survit après la destruction.
Sainte Hygiène, un drôle de titre…« C’est un jeu sur la notion de sacré et d’hygiène (cette hygiène corporelle, du quotidien). Cela consacre une sorte de survivance des choses. L’idée a émergé avec ces « sculptures naturelles » que l’on fait de manière automatique avec les déchets générés lors de l’apéritif, par exemple lorsque l’on arrache l’étiquette de sa bière. » L’oeuvre est réalisée avec une grosse économie de moyens (des déchets collés entre eux à l’aide d’un tube de colle).
Un sens du sacré
Une oeuvre aux allures de grande armoire à pharmacie. Chaque étagère, hormis la supérieure, contient 10 sculptures, il y a donc 90 éléments en tout.
Une profusion, un monde en soi. Des miniatures rangées là par un collectionneur ? En quelque sorte. Rappelons que la collection est composée de rebuts.
Un paquet de cigarettes, des capsules de bières, un tube de comprimés, un ticket de métro usagé…
La composition est très ordonnée, propre, ceci « dans le but de faire accéder cet ensemble de « n’importe quoi » au statut d’oeuvre, cela sanctuarise », explique l’artiste.
Une définition de la sculpture
On pourra croire à une installation mais non, l’artiste est formel : « L’oeuvre joue avec la définition de ce qu’est une sculpture : l’assemblage, le rapport au socle que cela implique. Ainsi, c’est au sens propre du mot un ensemble de sculptures. Cette oeuvre agit comme une rupture, une compréhension d’un possible autre de ce que peut-être une oeuvre. J’ai pour habitude de travailler longuement en atelier, comme un artisan, afin de réaliser une oeuvre. Cette pièce au contraire est faite sans savoir-faire particulier et ne demande pas de connaissance technique. »
Aux croisées artistiques
Une volonté de présenter les objets simples à la façon des ready made de Duchamp. L’emploi de matières pauvres, de rebuts tels que l’arte povera l’édicte. La collecte d’objets manufacturés et de morceaux épars d’environnement urbain déjà présente chez les Nouveaux Réalistes. Nicolas Ballériaud, par ses usages, éclaire le rapport à ce qui est proche, pour approcher le vrai.