Paul-Émile Pissarro, Les Bords de la Dordogne
Paul-Émile Pissarro est le 8e et dernier enfant de Camille Pissarro, grand nom de l’histoire de l’art moderne
{ Paul-Émile Pissarro, Les bords de la Dordogne, 1929. 46 x 54 cm. }
1967 : Paul-Émile Pissarro fait sa première exposition personnelle aux États-Unis aux Wally Findlay Galleries de New York, ce qui lui permet d’acquérir une certaine renommée internationale.
Depuis sa mort en 1972 : ses oeuvres voyagent à travers le monde et font surtout partie de collections privées.
Les Bords de la Dordogne est estimée entre 5 000 et 7 000 €.
Chez les Pissarro on connaît le père, Camille, grand nom de l’histoire de l’art moderne, doyen et initiateur du mouvement impressionniste. Ce que l’on sait moins, c’est que l’artiste a donné naissance à une lignée d’artistes, dont Paul-Émile, qui signe ici cette peinture à l’huile acquise par la Ville en 1996.
Né en 1884 et mort en 1972, Paul-Émile Pissarro est le 8e et dernier enfant de Camille Pissarro.
Dans la lignée des impressionnistes
Le maître impressionniste qui, tout comme il aimait à échanger avec des figures majeures de l’art moderne tels que Gauguin, Seurat ou Cézanne, jouera un rôle de grand pédagogue avec ses enfants qu’il placera sur le chemin de l’art à force de conseils et de réflexions partagées. Paul-Émile est celui de ses cinq fils qui le plus tôt surprend par son talent. Un cheval blanc, dessiné à cinq ans, reçoit les éloges de l’écrivain Octave Mirbeau. Son père réservera une place à part dans sa collection à cette oeuvre précoce et soutiendra son fils. Au décès de son père en 1903, Paul-Émile a un nouveau mentor : Claude Monet.
Une nature enveloppante
C’est en 1929, à l’âge de 45 ans que « Paulémile » Pissarro signe cette toile. À la suite d’une longue série de paysages, entre autres peints au bord des eaux calmes de l’Elbe et de l’Orne, lui qui aime les arbres, les chemins, les coins de rivière lourde et moirée, choisit de représenter les bords de la Dordogne. Le peintre travaille le plus souvent depuis un bateau-atelier. Ici, il déploie une large palette de verts. Depuis le très sombre vert de chrome jusqu’à une pointe de vert printemps jaillissant comme une griffure, il use de verts jade, amande, etc.
Les nuances sont vives, leur texture est compacte, la touche est épaisse, l’effet brillant. Un effet rendu possible grâce à l’emploi du couteau. Le reflet des feuillages présente un traitement autre. Peint au pinceau dans des nuances plus ternes, il offre moins de relief sur la surface même de la toile. Toutefois, force est de constater, l’aspect fougueux révélé par ce feuillage à la masse assourdissante évoque le Fauvisme. Seulement, les couleurs restent très convenues et les détails figuratifs empêchent l’oeuvre de percer au-delà de l’attendu. L’élan des gestes larges se confronte à la résistance d’une palette chromatique limitée aux teintes naturelles. On nage entre deux eaux.
Difficile pour Paul-Émile Pissarro de se défaire de l’héritage impressionniste d’autant que dans les années 20, c’est avec ses amis artistes Fauves, Kees van Dongen, Maurice de Vlaminck et Raoul Dufy qu’il voyage et peint la campagne française.
Jeu de reflets, jeu de motifs
Une composition structurée. Le bord gauche de la rive fermé par une barque situe l’exacte moitié horizontale de la toile. À partir du centre, les bords de la rive tombent légèrement. L’effet en est accentué au premier plan par une seconde barque qui vient fendre l’eau en parallèle du bord de la rive. Cette nature représentée dessus-dessous donne l’illusion étrange de motifs en chevron et offre un aspect quasi textile.