Louis Valtat, Rochers rouges à Anthéor
Cette toile datée de 1901 accompagne la transition artistique émergeant au tournant du début du XXe siècle
{ Rochers rouges à Anthéor, Louis VALTAT, 1901, Huile sur toile (65 x 81 cm). }
LOUIS VALTAT (1869, Dieppe - 1952, Paris)
Louis Valtat entre aux Beaux-Arts à Paris. Agé d’à peine 20 ans, il expose déjà régulièrement. Au Salon d’automne en 1905, il figure parmi les jeunes peintres présents dans la fameuse « Cage aux fauves »… L’expression est attribuée au critique Louis Vauxcelles qui se serait exclamé devant un buste d’enfant classique perdu au milieu de toiles aux couleurs contrastées et vives : « Voici Donatello au pays des fauves ! ». À partir de 1920, son travail tend au retour à un certain classicisme. Dans ses dernières toiles, il ne peindra que des bouquets de fleurs.
Acquise par la Ville de Montrouge en 1996, cette toile datée de 1901 accompagne, voire préfigure, la transition artistique émergeant au tournant du début du XXe siècle. Alors que l’Impressionnisme crépusculaire n’est pas encore éteint et que le Fauvisme n’a pas encore surgi. Une oeuvre charnière.
Agé de 32 ans, Louis Valtat signe Rochers rouges à Anthéor. Une oeuvre issue de la période la plus prolifique, enthousiasmante et avant-gardiste qu’a connue l’artiste.
Louis Valtat, peintre néo-impressionniste ou proto-fauve ?
Natif du nord de la France, l’homme tombe éperdument amoureux du Sud, de ses calanques, des ses pins tourmentés, de ses falaises de porphyre rouge. Les couleurs intenses et lumineuses du Midi vont venir exalter sa palette. Entre 1895 et 1905, il peint la côte varoise. Par l’emploi des teintes pures, de la facture large et des formes simplifiées, on peut reconnaître l’annonce du Fauvisme. Mais, l’artiste reste très proche de la réalité chromatique et ne met pas en question la perspective, ni ne renie les ombres. Sa vision reste naturaliste et instantanéiste proche de celle d’un postimpressionniste.
Une oeuvre qui s’inscrit dans l’entre-deux de ces courants artistiques.
Un paysage atmosphérique
Anthéor. La côte méditerranéenne baignée par une chaude lumière, qui incite le peintre à exacerber les contrastes, à saturer les tons. La touche est lourde et épaisse sur ce rocher matière qu’il malaxe comme de l’argile, ce qui l’incite au mélange des pigments et à l’association de teintes chaudes subtiles (orangées) et complémentaires (les verts des grands pins). Les ombres portées au flanc gauche du rocher font glisser le regard pour le plonger dans une mer mouvante. L’élément aquatique et sa fluidité sont obtenus grâce à une touche plus légère. Une impression pointilliste.
Des dégradés de teintes, des mauves, des verts clairs, des bleus soutenus, foncés pour les profondeurs. Les îlots émergents dans le quart en haut à gauche sur la toile, tels des masses compactes, ressortent nettement d’un fond plus tremblant. Quant au banc de nuages, il vient fermer le ciel dans la tendresse pastelle des roses et gris. Cette oeuvre contient les quatre éléments représentés : la terre, l’eau, l’air en tant qu’éléments visibles. Et l’élément feu, presque invisible, contenu dans la roche.
Plus de 2 900 oeuvres à découvrir
La côte de l’artiste est estimée aux alentours de 250 000 €. Vous pouvez apprécier quelques-unes de ses 2 900 oeuvres au Musée d’Orsay, au Musée national d’Art moderne, au Centre Pompidou, au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, au Musée d’Ixelles de Bruxelles, etc.