Il était une fois... Le lycée Jean Monnet
Une inauguration en grande pompe
Confiée à l’architecte Guy Barbé, la construction du centre d’apprentissage des métiers du bâtiment de Montrouge, qui s’étend de 1948 à 1955, s’inscrit dans l’essor spectaculaire que connaissent ces établis- sements dans les années 1950. Maçonnerie, béton armé, plâtre, charpente, menuiserie, serrurerie, forge… les disciplines enseignées mènent alors vers une voie privilégiée de promotion sociale et le diplôme obtenu est à l’époque un signe distinctif d’appartenance à l’élite ouvrière. Le bâtiment est inauguré le 2 mai 1955 par le président du Conseil, Edgar Faure, en présence de Jean Berthoin, ministre de l’Éducation nationale, et de... Léopold Sédar Senghor, alors secrétaire d’État à la présidence du Conseil et qui deviendra en 1960 le premier pré- sident de la République du Sénégal.
Le plan étudié... pour des beaux et grands espaces
Le plan du bâtiment, élaboré par Guy Barbé, s’organise en trois entités distinctes qui s’articulent autour d’un hall d’entrée en rotonde : l’administration dont les bureaux épousent cet arrondi, les classes et les ateliers situés dans deux ailes perpendiculaires, et le préau-gymnase de l’autre côté d’une grande cour orientée sud-est. Dans les ateliers, les verrières de toit et les façades sur cour vitrées et escamotables offrent une très belle lumière naturelle à ces lieux d’apprentissage.
Une architecture héritière des années 1930
Volumes géométriques simples et rigoureux, lignes horizontales marquées par des toits-terrasses, fenêtres-hublots, longs bandeaux vitrés, escaliers logés dans des tours d’angle… Pas de doute, l’ar- chitecture est profondément imprégnée du modèle des années 1930. L’emprunt le plus manifeste à l’architecture scolaire de cette époque est le corps d’entrée courbe donnant accès, par trois portes bat- tantes en bois protégées par une grille réalisée par le maître-ferronnier Raymond Subes, à un hall d’hon- neur circulaire. Éclairé par une coupole en pavés de verre translucides, il concentre un décor de prestige très inspirant pour les élèves !
Un décor exaltant les métiers du bâtiment
Au fond du hall d’entrée, l’escalier en colimaçon est orné sur toute sa hauteur d’un mur en briques de verre dans lequel sont insérés quatre panneaux de verre moulé du maître-verrier Henri Navarre qui illustrent la maxime suivante : « en travaillant le fer, le bois et la pierre, l’homme édifie sa maison ». Au pre- mier étage, sur les murs de la coursive, deux grandes fresques se font face, exécutées par le peintre Louis Chervin et intitulées La maçonnerie et Le travail du bois. La fresque mettant en scène la maçonnerie dévoile en arrière-plan le lycée en construction dont on reconnaît aisément l’ossature de béton ainsi que l’ellipse de l’emplacement futur de la coupole. On éveille votre curiosité ? Le mieux est encore d’admirer ces décors sur site, par exemple à l’occasion des jour- nées portes ouvertes du lycée en mars prochain…