Il était une fois... la chapelle Saint-Luc

Avez-vous déjà prêté attention à cette modeste église en bois qui fait face à la fameuse résidence Buffalo, au numéro 23 de l’avenue du Fort ? Avec ses deux sœurs, Saint-Jacques-le-Majeur et Saint-Joseph, c’est le troisième lieu de culte de la paroisse Sainte Joséphine-Bakhita de Montrouge… Par ici la visite !

Trois églises pour... un baby-boom

Au tournant des années 1950-1960, Montrouge connaît comme le reste de la France un boum démographique : la population montrougienne grimpe alors jusqu’aux 45 000 habitants ! S’ensuivent de nombreux aménagements urbains. C’est notamment l’époque des grands ensembles, comme celui de la résidence Buffalo, construite en 1957 sur l’ancien stade. La paroisse de Montrouge se donne alors les moyens de vivre la proximité avec sa population dans les quartiers qui se développent et fait construire pas moins de deux églises en l’espace d’un an ! Avant la bénédiction d’une troisième église, Saint-Joseph, en décembre 1962, et seulement 30 ans après celle de Saint-Jacques-le-Majeur, la chapelle Saint-Luc, prête à accueillir ses 300 fidèles, est consacrée dès le début de l’année 1961 par le cardinal Feltin.

Une chapelle en kit

Saviez-vous que son architecture remarquable avait valu à cette chapelle d’être labellisée au titre du Patrimoine du XXe siècle en 2011 ? Le pro- cédé est en effet atypique : à la Foire de Paris de 1959, on pouvait admirer un modèle de chapelle en bois démontable, posée sur de simples parpaings de béton ! Ce modèle préfabriqué répond aux exigences de l’époque : construire des églises de petite taille pour un coût peu élevé. Les deux frères architectes Luc et Xavier Arsène-Henry en avaient conçu les plans pour la Conférence de l’épiscopat français. À la recherche de son emplacement définitif, c’est cette chapelle qui est ache- tée pour être remontée dans le nouveau quartier de Buffalo, sur le terrain du Patronage Olier.

Du bois, du métal et une amande

Construite à partir d’éléments de bois et de métal industrialisés, la chapelle s’avance fièrement avec son auvent en pointe, en contrebas de la rue. Sa nef, largement ouverte par trois doubles portes d’entrée, se referme sur le chœur surélevé de quelques marches, mettant en valeur l’autel qui se profile devant le double vitrail abstrait réalisé par le maître-verrier Gérard Lardeur. Sa forme est étonnante : elle est bâtie sur un plan en mandorle (en forme d’amande), reprenant un symbole cher au christianisme – l’amandier étant, en Terre sainte, le premier arbre à fleurir après l’hiver, son fruit signifie la résurrection. Dehors, un petit campanile pyramidal, en charpente métallique, se dresse à l’ouest et abrite toujours les deux cloches électriques.

Une chapelle accueillante

Fréquentée par les anciens de la résidence aussi bien que par les jeunes familles des logements militaires d’Arcueil, la chapelle est le lieu de rencontre d’une population hétérogène. Une salle annexe, construite en 1979 pour les cours de catéchisme, profite aujourd’hui de l’animation régulière des groupes scouts. Après avoir été fermée pendant un certain nombre d’années en dehors des offices, la chapelle ouvre désormais tous les jours ses portes aux visiteurs, grâce aux parois- siens qui s’y relaient. Redevenue le lieu vivant et accueillant qu’elle était jadis, ouvert aux gens de passage, jusqu’aux élèves du collège-lycée adjacent qui n’hésitent pas à en pousser la porte, elle vous invite, à votre tour, à avoir la curiosité d’en franchir le seuil…