Il était une fois... Bernard Pivot

Vous le savez sûrement déjà, le présentateur télé vedette et journaliste littéraire Bernard Pivot nous a quittés le 6 mai dernier à l’âge de 89 ans, mettant un point final à une vie tournée vers les Français, lui qui aimait leur transmettre son goût pour la lecture. Mais ce que vous savez peut-être moins, c’est que le créateur d’Apostrophes fut Montrougien de 2003 à 2007. On vous dit tout sur le parcours de cet amoureux des livres et sur sa « parenthèse montrougienne ».

Ses débuts en presse écrite

Né le 5 mai 1935 à Lyon, Bernard Pivot passe son enfance dans le Beaujolais. Il monte à Paris pour étudier au Centre de formation des journalistes (CFJ), puis débute sa carrière de journaliste à Lyon, au quotidien régional Le Progrès, avant de rejoindre à Paris en 1958 le Figaro littéraire. Plus tard, il excelle comme chroniqueur humoristique et littéraire au Point et au Journal du Dimanche.

Son heure de gloire avec apostrophes

C’est le jour de l’an 1967 que Bernard Pivot apparaît pour la première fois à la télévision. Sa carrière dans le petit écran décolle en 1975 lorsqu’il cofonde l’émission Apostrophes sur Antenne 2. Le programme devient rapidement un rendez-vous incontournable pour tout savoir sur les auteurs et le monde de l’édition. Un livre à la main, sa paire de lunettes dans l’autre, l’image du présentateur vedette d’Apostrophes s’ancre dans l’imaginaire collectif, participant à faire de l’émission littéraire l’une des plus populaires de son temps. Sagan, Barthes, Nabokov, Bourdieu, Eco, Le Clézio, Modiano, Levi-Strauss ou encore le président François Mitterrand, tous se soumettent au célèbre « questionnaire de Pivot », inspiré de celui de Proust. L’émission fait lire des millions de Français jusqu’en 1990.

Série de succès jusqu'à la coupure

Quand Bernard Pivot ferme les guillemets avec Apostrophes, l’infatigable journaliste les rouvre vite avec Bouillon de culture, toujours sur Antenne 2. Avec une thématique qui dépasse celle des livres, l’émission séduit et rassemble jusqu’à 1,2 million de téléspectateurs lors de son dernier numéro en juin 2001. Ses autres programmes, parmi lesquels Ouvrez les guillemets, Double je ou encore Les Dicos d’or, sont tous des succès, mais ne parviennent pas à détrôner Apostrophes dans la mémoire collective. En 2001, lorsqu’il quitte les plateaux télé, plus d’un quart de siècle après avoir apostropher écrivains, artistes, politiques, sportifs ou encore chefs étoilés, c’est une « petite mort » pour cette figure incontournable du petit écran.

Un académicien à Montrouge

Bernard Pivot prend alors ses distances avec le monde de la télé et c’est à Montrouge qu’il trouve refuge de 2003 à 2007. En ville, certains se souviennent encore l’avoir croisé rue Périer ou avenue de la République, souvent en chaussons lorsqu’il allait chercher son journal ou son pain. Ce passionné de littérature se rapproche naturellement de l’équipe de la Médiathèque, dont il accepte de devenir le parrain au moment de l’inauguration des nouveaux locaux, le 3 février 2006. Alors qu’on lui propose de donner son nom à l’équipement, il décline l’offre. Mais tout au long de sa présence à Montrouge, il fait don de ses livres à la Médiathèque. Christophe Massay, actuel directeur de la Médiathèque de Montrouge, se souvient : « Nous allions chercher les livres jusqu’à la maison de Bernard Pivot. C’était une méthode quelque peu artisanale, mais nous en gardons tous un excellent souvenir. » Il faut dire qu’on ne fréquente pas tous les jours un Académicien. Bernard Pivot est élu à l’Académie Goncourt en octobre 2004, alors qu’il est Montrougien. Premier « non-écrivain » à rejoindre la prestigieuse institution, il en devient même le président de 2014 à 2019. Bernard Pivot s’est éteint le 6 mai dernier, non loin de Montrouge, à son domicile de Neuilly-sur-Seine, tournant l’ultime page de son roman avec les Français