Rafraîchir la ville face à l'urgence climatique

État des lieux

Rafraîchir la ville... oui, mais pourquoi ?

Améliorer la qualité de l’air que nous respirons, végétaliser pour protéger la biodiversité, réguler naturellement la température, oeuvrer pour rendre la densité heureuse... sont au coeur de l’action de la Ville pour atténuer les effets des changements climatiques. Le défi est réel et c’est ensemble que nous le relèverons !

Avec le changement climatique, les catastrophes naturelles et les canicules se multiplient. Celle de 2003 revient, à chaque nouvel épisode, hanter nos esprits. Un mois d’août particulièrement meurtrier en France, notamment pour les citadins. La surmortalité fut de 141% à Paris, alors qu’elle était de 40% en zone rurale. Cette question de santé publique va devenir de plus en plus présente au fil des ans : les canicules seront deux fois plus fréquentes en France d’ici à 2050, selon Météo France, ainsi que plus longues et plus intenses. On nous parle de « rafraîchir les villes ». Oui, mais comment ? À coups de brumisateurs, climatiseurs, éventails… ? La situation est préoccupante et il y a urgence. Pour nous et pour les générations futures. Les villes sont vulnérables face à ces changements climatiques. Elles doivent s’adapter.

Pourquoi des excès de chaleur en ville ?

Les causes des excès de chaleur en ville sont multiples. Nous connaissons tous les conséquences de certaines activités humaines, comme l’usage de chauffage ou de climatisation (qui rejette de l’air chaud à l’extérieur), la circulation des voitures, les activités industrielles et le traitement des déchets… Les matériaux de construction ont également un impact non négligeable : certains accumulent la chaleur de l’air et les rayons du soleil dans la journée, pour les relâcher la nuit, comme le font les radiateurs à accumulation. C’est aussi le cas pour les sols bitumeux. À l’inverse, les pelouses, arbustes et plus encore les arbres sont des régulateurs thermiques, à la fois par l’ombre et par les effets de l’évapotranspiration. Les plantes utilisent l’énergie solaire pour extraire l’eau du sol par les racines et la relâcher par évaporation dans l’atmosphère. Les rivières ou plans d’eau servent aussi de régulateurs thermiques.

Comprendre pour agir ensemble

Biodiversité, évapotranspiration, photosynthèse, déminéralisation, cour oasis, thermographie, sondes tensiométriques, végétalisation, agriculture urbaine… Nous sommes tous plus ou moins rompus à tous ces termes qui sont des leviers ou des outils pour atténuer et s’adapter aux changements climatiques. Mais parfois, il faut bien l’avouer, nous sommes un peu perdus. Nous avons aussi conscience que les changements climatiques sont l’affaire des pouvoirs publics, mais pas seulement… Nous avons tous un rôle à jouer en tant que citoyen. Ne serait-ce qu’en s’informant pour pouvoir agir à notre échelle. « Continuer à sensibiliser les Montrougiens sur les changements climatiques est primordial. Nous avons tous notre rôle à jouer », explique Étienne Lengereau, Maire de Montrouge. « Pour s’adapter et rafraîchir les villes, tous les acteurs doivent s’unir, se mobiliser et s’engager. Ensemble, nous pourrons répondre aux enjeux de santé, de bien-être, de solidarité », ajoute Gwénola Rabier, Maire-adjointe à la Transition écologique et à la Biodiversité urbaine. Alors, prêts à prendre à bras-le-corps cet enjeu planétaire ?

4 chiffres clés pour comprendre l'état actuel du changement climatique

1.46°C de trop en 2023 : Selon des mesures scientifiques établies grâce aux cernes des arbres ou aux calottes glaciaires, les températures actuelles sont probablement les plus chaudes depuis plus de 100 000 ans.

4.5mm par an : Sur la décennie 2010-2020, l’élévation de température a fait fondre glaciers et calottes glaciaires à des niveaux record, et les mers sont montées en moyenne de 4,5 mm par an.

-43% pour avoir une chance sur deux de contenir le réchauffement du climat à 1,5°C, les émissions mondiales doivent baisser de 43% d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2019.

30% des émissions dues au méthane : Si le dioxyde de carbone (CO2) est régulièrement pointé du doigt, le méthane (CH4) est le deuxième contributeur au réchauffement mondial. Environ 60% de ses émissions proviennent des activités humaines.

Sources : Jade Peychieras (France Bleu), Observatoire européen Copernicus, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), Global Carbon Project, Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).

Rafraîchir notre ville... oui, mais comment ?

Et si nous tentions ensemble de répondre aux défis des changements climatiques ? Sobriété énergétique, végétalisation, mobilités douces, réduction de notre empreinte carbone… Découvrez toutes les actions mises en place aujourd’hui par votre Ville pour mieux vivre demain dans notre espace urbain.

Montrouge est la première ville, en 2018, à avoir organisé un festival se préoccupant des problématiques liées au changement climatique, son nom : « Inspirations végétales ». Organisé depuis sept ans, chaque année le premier week-end de juin, il attire plus de 10 000 visiteurs ! L’édition 2024 a pour thème : « Rafraîchir les villes ». Un défi passionnant qui s’inscrit résolument dans les attentes du moment, donne des solutions, ouvre les débats... Sur les Allées Jean Jaurès, véritable poumon vert de la ville, vous pourrez découvrir des expositions, participer à des ateliers ou encore apprendre à faire des plants ou du compost, mais aussi assister à des conférences passionnantes. Vous aurez tout loisir de visiter un marché aux fleurs et aux plantes, vous restaurer, vous faire plaisir et vous détendre.

Augmenter les espaces verts et planter des arbres

Pour continuer de lutter contre les îlots de chaleur, l’une des solutions les plus efficaces est de végétaliser la ville. Multiplier les parcs, jardins et espaces verts permet de faire baisser le mercure : les arbres contribuent à eux seuls, grâce au phénomène d’évapotranspiration et l’ombrage occasionné, à faire chuter la température jusqu’à 6°C. Depuis 2017, Montrouge est engagée dans une politique de végétalisation, créant ainsi de nouveaux îlots de fraîcheur. D’ici 2026, 600 arbres viendront s’ajouter aux 3 200 déjà présents dans la ville. Parmi la trentaine d’essences, le sophora du Japon, le gleditsia triacanthos et le celtis australis font partie des espèces choisies pour leur qualité d’adaptation à la sécheresse et à la chaleur du sol. Dans la continuité des Allées Jean Jaurès, la Municipalité a végétalisé la partie nord de l’avenue de la République, entre la rue Rabelais et le boulevard Romain Rolland, avec la plantation de 19 nouveaux arbres et 315 m2 d’espaces verts. Les travaux du quartier Péri-Ginoux- Gautier sont bien avancés. La place Théophile Gautier est désormais plus végétalisée et plus attrayante.

Repenser notre façon de nous déplacer

Notre ville est déjà celle du « quart d’heure », c’est-à-dire dans laquelle tous les services essentiels (commerces, santé, loisirs, culture, espaces sportifs, écoles…) sont à une distance plus que raisonnable pour limiter notre empreinte carbone. Et cela rafraîchit aussi votre santé ! Saviez-vous que le vélo produit 84% de moins de gaz à effet de serre que la voiture électrique, elle-même deux fois moins polluante qu’un véhicule thermique ? Se déplacer sans motorisation contribue grandement à la diminution des flux de chaleur. Montrouge compte déjà 18 km de pistes cyclables (dont certaines à contre-sens de la circulation automobile), 11 stations Vélib, 12 consignes à vélo et aussi une aide à l’achat (100 €) pour les vélos à assistance électrique ou les vélos cargos. Des aménagements urbains (bancs, pergolas…) ont également été réalisés afin que l’espace soit partagé entre les différents modes de mobilité. Dans la majeure partie de la ville, la vitesse des voitures est limitée à 30 km/h et les piétons bénéficient d’un trottoir élargi, ainsi que d’un mobilier urbain propice aux instants de repos. La ville dispose également d’un vaste réseau de transports en commun.

Le bâti bousculé par la transition écologique

Depuis plus de dix ans, la Municipalité travaille sur son efficacité énergétique. Ses objectifs : réduire l’impact carbone des bâtiments publics, favoriser l’usage des énergies nouvelles (comme par l’utilisation de panneaux photovoltaïques)… Pour concourir à limiter les changements climatiques, engager sa transition verte et faire des économies ! En 2019, la Municipalité a mis en place un système de management de l’énergie (SME). Il s’agit d’une méthodologie adoptée par tous les services municipaux, concernés et investis dans la mise en oeuvre de la sobriété énergétique de la commune. L’ambition est affichée : atteindre progressivement les objectifs fixés par la Loi Élan et le Décret tertiaire (-40 % de consommation globale d’ici 2030, -50 % d’ici 2040 et -60 % d’ici 2060). Par ailleurs, pour guider les nouveaux projets d’aménagement, la Ville a élaboré une Charte qui comporte des préconisations urbaines, architecturales, environnementales et techniques à destination des promoteurs et aménageurs de la ville et complète les dispositions réglementaires du Plan local d’urbanisme (PLU) de la Municipalité. Toutes ces préconisations visent notamment à améliorer la qualité des logements en privilégiant les doubles expositions. L’intérieur est ainsi baigné d’une lumière changeante au fil de la journée et l’air y circule plus librement ! Ces préconisations sont notamment respectées dans le projet des Halles de Montrouge qui prévoit la construction de logements, ainsi que la création d’une grande traversée paysagère et piétonne, largement végétalisée. Dans ce projet, toute une réflexion sur la circulation des vents a été menée pour déterminer l’emplacement idéal des futurs bâtiments. De façon plus générale, dans tous les projets d’aménagement de la Ville, une attention particulière est portée sur le choix des matériaux pour privilégier ceux qui réfléchissent la chaleur.

Agriculture urbaine, fraîcheur de ville !

L’agriculture urbaine répond aux défis environnementaux par la réintroduction de la biodiversité dans notre ville, biodiversité qui participe à la création d’îlots de fraîcheur. Avec de simples bacs pour cultiver plantes aromatiques et fleurs, vous cultivez déjà un espace vert (plus ou moins grand) et contribuez à protéger la biodiversité ! Vous souhaitez voir plus grand, collectivement et en toute convivialité ? Rendez-vous, lors d’« Inspirations végétales », aux jardins partagés ! En 2018, un premier jardin de ce type a vu le jour à Montrouge : le jardin Jean Monnet. Fort de ce succès, quatre nouveaux espaces ont été créés l’année suivante, jusqu’à 10 aujourd’hui. La commune compte à présent 2 000 m2 dédiés à la culture en collectif. Vous avez également remarqué que pieds d’arbres, façades, trottoirs, terrepleins ou bacs urbains cultivés fleurissent un peu partout et c’est tant mieux ! Pour participer, il vous suffit de demander un permis de végétaliser auprès du Service des espaces verts de la Municipalité. En partenariat avec AgroParisTech, la Ville de Montrouge a également identifié de nombreux toits de résidences privées (copropriétés) qui pourraient être végétalisés. Elle s’est également rapprochée des bailleurs sociaux pour les accompagner dans leurs projets d’agriculture urbaine. Enfin, comme vous le savez déjà, la Ville de Montrouge invite chaque année les Montrougiens à participer au concours Ville verte et fleurie. Ce dernier est ouvert à tous les habitants, avec cinq catégories distinctes : jardin d’habitation, balcon, fenêtre, parcelle dans un jardin partagé, jardin pédagogique des écoles.

L'eau, une ressource vitale

En raison des changements climatiques, le manque d’eau affecte à la fois les populations humaines et les écosystèmes. Économiser l’eau est donc une nécessité vitale. À Montrouge, la Municipalité a pris en compte l’urgence des actions à mener. Ainsi, les agents du Service propreté utilisent les eaux pluviales récupérées grâce à des bassins placés sous certains bâtiments municipaux. Pour réduire la consommation d’eau, d’autres mesures ont été prises : comme le choix des essences des plantations supportant les canicules tels les semis de trèfles dans les gazons, la mise en place de l’arrosage « goutte à goutte », le paillage au pied des plantations qui permet la suppression du désherbage, la diminution des arrosages… Des fontaines à eau ont été installées dans la plupart des parcs de la ville, comme au parc Jean-Loup Metton. Les projets d’aménagement du square Schuman et du futur parc au 127, avenue de la République accordent une place prépondérante à l’eau en prévoyant l’installation de bassins pour rafraîchir la ville et accroître la biodiversité locale. L’eau est une ressource indispensable qui doit être préservée. C’est pour cette raison que les bassins seront gérés en circuit fermé.

Géothermie et éclairages durables, késako ?

Depuis plusieurs années, la Municipalité travaille à l’installation d’un dispositif de géothermie sur son territoire. Objectif : développer l’usage de cette énergie de chauffage durable dans les équipements publics et les logements, notamment, afin de remplacer les énergies fossiles telles que le gaz, le fioul, etc. Le principe ? Un réseau souterrain de chaleur, puisée très profondément dans le sol, raccordé aux immeubles d’habitation, publics et privés… C’est sur le site de la faculté dentaire que le puits de géothermie sera creusé. Un certain nombre d’équipements de la Ville, d’entreprises et de copropriétés montrougiennes pourront à terme se raccorder à ce nouveau réseau de chaleur décarboné. Pour lutter contre les changements climatiques, une gestion durable de l’éclairage public, tant dans les espaces extérieurs qu’au sein des bâtiments publics, est également en cours. La Municipalité s’est dotée d’un Schéma directeur d’aménagement lumière. L’ensemble des luminaires de la commune sera, à terme, équipé d’ampoules basse consommation, tout comme l’éclairage des bâtiments publics… Au même titre que l’ensemble des décorations des fêtes de fin d’année est, depuis plus de trois ans, entièrement équipé de LED.

Informer et sensibiliser

Le réchauffement climatique est l’affaire de toutes et tous. En tant qu’adultes, nous avons accès à des informations (articles, documentaires, films…), des conférences, des ateliers, nous échangeons, partageons nos inquiétudes, nos espoirs et nos idées… Cela nous permet de mettre le pied à l’étrier, si ce n’est pas déjà fait. Quant aux plus jeunes, il est de notre devoir de les accompagner dans notre démarche. Pour sensibiliser les enfants aux enjeux des changements climatiques et de l’urgence de rafraichir notre ville, la Municipalité accompagne les écoles et les centres de loisirs sur ce chemin. Pour exemple, depuis 2019, des bacs de plantation collectifs et des ateliers pédagogiques, animés par l’association Veni Verdi, permettent de créer une synergie avec le projet d’agriculture urbaine de la Ville. En 2022, neuf écoles disposaient déjà de jardins pédagogiques. La Mairie s’est aussi lancée dans un grand projet de végétalisation de ses cours d’école s’inspirant des « cours oasis ». De quoi lutter efficacement contre les grosses chaleurs d’été, offrir un cadre agréable et naturel aux enfants et sensibiliser, dès le plus jeune âge, à la biodiversité et aux bienfaits de la nature dans leur ville !