De Montrouge à Compostelle, suivez les coquilles
- 66 clous coquilles implantés à Montrouge
- 1 796 kilomètres pour rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle depuis l'entrée de Montrouge, boulevard Romain Rolland.
Vous les avez sans doute repérés depuis octobre sur le parvis de l’église Saint-Jacques-le-Majeur ou le long des Allées Jean Jaurès… 66 clous-coquilles en bronze doré indiquant le chemin vers Saint-Jacquesde- Compostelle ont été posés à Montrouge. Ils guident les marcheurs et dessinent un chemin à l’histoire séculaire dont Montrouge fait partie intégrante.
Ils sont discrets et à la fois élégants lorsqu’on pose notre regard sur eux, les clous-coquilles ont vite trouvé leur place à Montrouge. « La pose est rapide, on creuse un trou dans l’asphalte ou la pierre, on applique une résine adhésive et on insère le clou-coquille qui a été fabriqué par une fonderie alsacienne », explique Jean-François Féjoz, membre de l’association Compostelle 2000 qui oeuvre au balisage du chemin de Compostelle en Île-de-France. Le moule du clou-coquille, qui représente le motif d’une coquille Saint-Jacques, est, quant à lui, l’oeuvre de l’association des Amis de Saint-Jacques en Alsace. Directionnelles, les 66 coquilles Saint- Jacques installées à Montrouge, indiquent aux pèlerins la voie à suivre jusqu’à Santiago de Compostela (Saint-Jacques-de-Compostelle), capitale de la Galice en Espagne.
« Jalonner la ville de clous à l’effigie de la coquille Saint- Jacques, symbole des chemins de Compostelle, c’est reconnaître que Montrouge est un des lieux de passage incontournables des pèlerins et des marcheurs qui sillonnent chaque année depuis le Moyen-Âge les routes en direction de Santiago. C’est aussi l’occasion de mettre en valeur notre patrimoine communal, notamment l’église Saint-Jacquesle- Majeur, qui entre directement en résonance avec l’histoire des chemins de Compostelle. »
- Colette Aubry, Maire-adjointe à la Culture et au Patrimoine.
Montrouge à l'entame du chemin
Bruxelles, Bordeaux, Tours, Paris… et à présent Montrouge ! Notre commune rejoint une longue et prestigieuse liste de villes qui, sollicitées par l’association Compostelle 2000, ont accepté de matérialiser le chemin vers Saint-Jacques-de- Compostelle. Auparavant invisible à Montrouge, le chemin est à présent jalonné tous les 25 à 30 mètres de clous-coquilles directionnels. « Les pèlerins n’ont aucune chance de se perdre, à moins de vouloir faire quelques emplettes en centre-ville », plaisante Jean-François Féjoz qui a lui-même entrepris le chemin de Compostelle à deux reprises au départ de Paris. La ville lumière est en effet connue comme l’un des points de départ historiques des pèlerins qui s’élancent depuis le pied de la Tour Saint-Jacques pour 1 800 km de marche. Lorsque les marcheurs entreront dans Montrouge, depuis le boulevard Romain Rolland, ils seront encore au début de leur périple avec 1796 km à parcourir jusqu’à Santiago.
Une parenthèse patrimoniale
« Ces clous-coquilles offrent un attrait patrimonial supplémentaire à Montrouge en rappelant à chacun que la ville se trouve historiquement sur le chemin de Compostelle, un grand itinéraire culturel reconnu par les institutions européennes et inscrit depuis 1993 par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité », complète Colette Aubry, Maire-adjointe à la Culture et au Patrimoine.
Montrouge a en effet des lieux remarquables en lien avec les chemins de Compostelle. À commencer par son église Saint-Jacques-le-Majeur dédiée justement à Saint Jacques dont le tombeau se trouverait à Santiago de Compostela. « C’est une église intéressante avec, sur sa partie gauche, une fresque dessinant le chemin que les pèlerins empruntaient jadis, allant de sanctuaire en sanctuaire. On y reconnaît les cathédrales emblématiques de Saint- Denis, Chartres, Orléans, Tours, Poitiers…
On compte aussi 700 coquilles sur les vitraux de l’édifice », constate Jean-François Féjoz. Un clou-coquille a d’ailleurs été placé sur le parvis de l’église pour inviter les pèlerins à s’arrêter sur ce site d’intérêt patrimonial. Le tracé du parcours montrougien est conçu pour aller au plus court. « Les pèlerins, qu’on appelle aussi les Jacquets, sont impatients de découvrir Santiago. C’est un long voyage à pied de deux mois et demi, dans lequel il faut économiser ses forces », prévient le spécialiste.
Des chemins à l'histoire séculaire
Aux origines des chemins de Compostelle, il y a une légende : la découverte du tombeau de saint Jacques à Compostelle en 813 par l’ermite Pélage, guidé par une étoile mystérieuse.
Les pèlerins n’ont pas tardé à venir honorer les reliques de l’apôtre, au premier rang desquels Alphonse II, roi des Asturies, parti d’Oviedo en 834 pour tracer le premier chemin de pèlerinage en Espagne appelé « Camino primitivo ».
En France, c’est au XIIe siècle que les quatre grandes voies jacquaires sont reconnues, au départ de Paris, Arles, le Puy-en-Velay et Vézelay. Les pèlerinages s’intensifient alors. Les statues de saint Jacques datant du Moyen-Âge, dont certaines sont exposées au musée de Cluny à Paris, représentent d’ailleurs l’apôtre en pèlerin muni d’un chapeau, d’un bâton, d’une calebasse (la gourde de l’époque) et d’une besace.
La coquille Saint-Jacques devient vite le symbole du chemin de Compostelle et ferait référence aux premiers marcheurs des pèlerinages qui ramassaient les coquilles trouvées sur les plages de Galice et les portaient avec fierté à leur retour comme preuve de leur périple. De nos jours, alors que la randonnée connaît un âge d’or, le profil des marcheurs se diversifie. Et les points de départ du pèlerinage varient de plus en plus. De quoi donner quelques idées aux Montrougiens pour un prochain départ depuis l’église Saint-Jacques-le-Majeur...