Il était une fois... le cimetière de Montrouge
Vous l’avez peut-être remarqué, le cimetière de Montrouge présente une (première) bizarrerie… C’est qu’il n’est justement pas situé à Montrouge ! Il est, en effet, « domicilié » à Paris, dans le XIVème arrondissement. Pourquoi, demanderez-vous ? Si l’on se penche sur l’histoire de ce quartier, on réalise qu’avant 1860, le cimetière était bien… à Montrouge
Entre les murs
Oui, oui, vous avez bien lu : le pâté de maison où il se trouve était auparavant un quartier à part entière de la commune et se nommait d’ailleurs le Petit-Montrouge. S’il a gardé ce joli nom, aujourd’hui il fait désormais pleinement partie du XIVème .
Il faut rappeler qu’en 1860, les contours de Paris définis par le Mur des Fermiers Généraux (bâti juste avant la Révolution, de 1784 à 1790) ont été repoussés plus loin, en petite couronne, jusqu’à l’enceinte de Tiers (fortifications défensives autour de Paris, construites entre 1841 et 1844). Ce qui cor- respond aujourd’hui au tracé… du périphérique.
La faute à Napoléon ?
Aujourd’hui étendu sur 7,5 hectares, le cimetière de Montrouge n’a donc pas toujours été là, ni aussi grand. Avant que les premières concessions soient ouvertes à cet endroit, en 1821, un petit cimetière était installé tout près de l’église de Montrouge, à l’angle de l’avenue de la République et de la Grande- Rue (aujourd’hui rue Gabriel Péri). Mais l’église a fini par tomber en ruine, et le cimetière par deve- nir trop petit, tandis que la population de la ville grandissait. Mais ce n’est pas tout… Le décret de Napoléon, de l’An 12, est venu prescrire que les cimetières devaient désormais être établis à l’écart des maisons, pour des raisons d’hygiène. Donc, déplacé en 1821, le cimetière va faire l’objet d’agrandissements successifs : en 1841, en 1877, en 1885 et en 1905, avant d’atteindre ses limites actuelles en 1912…
De porte en crypte
Une autre spécificité du cimetière – elle vous a peut-être interpellé – consiste dans son entrée monumentale, ses trois portes de bronze, n’oc- cupant que les deux-tiers de l’entrée, et laissant apparaître au-dessus d’elles la grande profondeur du lieu... Nous devons cette entrée monumentale à l’architecte Alain Decaux – celui qui a aussi conçu le Beffroi de Montrouge – mais ce n’est pas tout… Il y a aussi créé, juste à droite du grand porche, une crypte ! Un élément « distinctif » qui fait du cimetière de Montrouge l’unique cimetière sur le territoire de Paris à disposer d’un tel édifice. Il présente notamment une entrée sertie de bas-re- liefs et d’œuvres réalisées par les artistes Maurice Renard et Louis Sajous. Ça vaut le détour!
Place des «grands»
Si vous y passez, prenez le temps d’arpenter les allées… Vous tomberez peut-être sur la pleureuse qui orne la tombe d’Emmanuel Dolivet – sculp- teur praticien d’Auguste Rodin – ou encore sur la « tombe aux ailes », mi-ange mi-avion, du pionnier de l’aviation Maurice Arnoux. Car, au cimetière de Montrouge, c’est un peu le « rendez-vous » des célébrités. Côté artistes : si l’on ne doit en citer qu’un, c’est Coluche bien sûr ! Enfant de Montrouge, il repose au cimetière depuis 1986, après une grande cérémonie très médiatisée orga- nisée le 24 juin. L’Abbé Pierre en personne était venu célébrer la cérémonie funèbre ! Mais, si vous continuez votre balade, vous « croiserez » aussi le réalisateur Michel Audiard, le peintre Nicolas de Staël, l’écrivain Yann Queffelec ou encore la réalisa- trice Cécile Aubry. Mais il n’y a pas que des artistes, puisque d’anciens maires de Montrouge y reposent (François Ory, Emile Cresp, Louis Rolland, Hyppolite Mulin ou encore Henri Ginoux…). Bref, le cimetière est un patrimoine qui vaut le coup d’œil…